ROSE -- life is getting harder day by day

Les mains tremblantes, Rose laissa tomber ses instruments chirurgicaux sur le plateau métallique qui se trouvait près d’elle. « Heure du décès : 20h53. » Une infirmière éteignit le moniteur en secouant doucement la tête. Personne ne semblait comprendre comment la situation avait pu dégénérer à ce point. Le patient avait été stable pendant toute l’opération jusqu’à ce que ses signes vitaux s’affolent subitement, sans raison apparente. Plus tard, Rose découvrirait qu’un caillot s’était formé dans son cerveau à cause d’un surdosage de médicaments dont elle n’était pas responsable. Cela ne diminuait toutefois pas sa culpabilité. Elle sortit du bloc en tenant à peine sur ses jambes. Elle avait déjà perdu des patients. C’était la malédiction de son métier. Mais celui-ci était particulier. Orphelin, il avait passé la majeure partie de sa courte vie à l’hôpital. Elle l’avait vu grandir. Elle avait appris à l’aimer. Presque comme son propre enfant. C’était l’erreur qu’elle n’aurait pas dû faire. S’attacher à lui. Ce si petit garçon. Une boule de douleur pulsait dans sa gorge tandis que les larmes lui brulaient les yeux. Elle fit son chemin jusqu’à l’évier où une infirmière l’aide à enlever sa tenue de chirurgienne, tandis qu’elle luttait pour ne pas s’effondrer devant son équipe. Elle devait être forte. Mais putain, c’était dur. Elle ne s’autorisa à craquer qu’une fois enfermée chez elle, dans son petit appartement confortable. Mais pleurer ne l’aide pas. Hurler, frapper dans les murs, se rouler par terre… Rien n’atténua sa douleur. Celle d’avoir échouer. Celle d’avoir perdu ce qu’elle considérait comme son enfant. La semaine précédente, elle pensait encore à entamer des démarches pour pouvoir l’adopter. Elle avait perdu son bébé. Son enfant, né d’une autre mère. Non, rien ne ferait taire sa douleur, certainement prier ce Dieu qui l’avait abandonné. Elle le détestait. Pour n’avoir pas pu l’aider, pour n’avoir pas pu le sauver.

★★★

Elle l’avait déjà aperçu à l’église, le dimanche. Il était discret, se plaçait généralement sur les bancs du fond. Elle n’avait pas fait attention que nécessaire. Il n’était pas élégant, il n’était séduisant. Il n’était même pas son genre. Mais il y avait quelque chose chez lui qui lui plaisait. Une certaine délicatesse, une blessure profonde mais secrète. Elle n’était pas timide, elle faisait volontiers le premier pas. Mais elle n’avait jamais réussi à se convaincre de l’aborder. La peur de ne pas être à la hauteur face à un secret peut-être trop lourd à garder. Rose aimait les choses simples. Cela valait également pour ses relations amoureuses. Elle avait donné dans le compliqué, merci. Son ex-fiancé vous dirait certainement la même chose. Lui, il était peut-être une promesse de quelque chose de plus fort, de plus important. De plus effrayant aussi. Un jour, peut-être…

Environ, un mois plus tard. Cela faisait une semaine. Une longue semaine où elle traînait les pieds pour aller au travail. Une longue semaine où elle n’avait pas eu envie de parler à quelqu’un. Elle commençait à repousser ses proches. S’enfermer dans son appartement lors de son temps libre, ne sortant que pour faire des courses. Juste de quoi survivre. Elle perdait du poids. Elle savait ce qu’il lui arrivait. Inconsciemment, elle s’en doutait. Mais la vérité est parfois dure à avaler. Dépression. Le mot lui-même était brutal, cruel presque. Elle ne mettait plus les pieds à l’église, ce qui commençait à faire jaser. Un jour pourtant, elle avait essayé. Plantée sur les marches, devant la grande porte en bois, elle avait levé les yeux vers le clocher. Elle n’avait qu’à pousser le battant et avancer de quelques mètres pour peut-être retrouver cette foi qui était sienne. Mais son cœur était encore trop emplit de colère. Contre elle-même, contre son dieu. Ce traître. Et puis, la voix de l’espoir. De la délivrance, sûrement. « Je peux vous aider ? » La voix était douce, tout comme le regard qui l’accueillit lorsqu’elle se retourna. Il était là, près d’elle. Inquiet, apparemment. Rose secoua doucement la tête. « Je ne pense pas que l’on puisse m’aider. » Il sembla intrigué. « Pourquoi ça ? » Elle aurait presque sourit. Mais elle n’y arrivait plus depuis deux semaines. « Un cœur brisé est difficile à réparer. » L’étonnement transperça le visage de l’inconnu près d’elle. « Pardon. Mais vous savez, seul le temps peut réparer un cœur. » Elle lui adressa une ombre de sourire. « Pas lorsqu’il s’agit d’un enfant. Jamais. » Il glissa une main sur son épaule, dans un geste de soutient. Elle ne se déroba pas. « Je suis désolé… » Pas autant qu’elle. Mais peut-être avait-elle trouvé sa rédemption ?

★★★

amber.
Bienvenue parmi nous et bonne chance pour ta fiche.

VOUS ÊTES TOUS TROP MAGNIFIQUES !
Merci pour l'accueil, je sens que je vais aller réclamer plein de liens